Acrylique sur toile – 195 x 195 cm – 2019
Tout commence par un constat amer : le plastique a envahi nos vies. Le nombre d’études abordant cette catastrophe est incalculable. Ce fléau est devenu tellement incontrôlable qu’il se retrouve désormais dans tous les organismes terrestres sous forme de microplastiques. Cette observation profondément déprimante me provoquait un sentiment d’impuissance face à cette catastrophe.
J’ai alors commencé à peindre un ensemble de tableaux abordant ce thème, comme une forme d’exutoire.
Cette série a débuté comme un exutoire face à la catastrophe écologique que représente la pollution des océans par nos déchets. En mettant en scène des animaux marins dont l’intérieur est rempli de plastiques et d’autres détritus, et en leur faisant subir des altérations corporelles dues à la pollution marine, mon objectif était de mettre en image cette problématique.
Dès les premiers tableaux, j’ai réalisé que les peintures que j’utilisais et le message que je souhaitais transmettre n’étaient pas compatibles, ce qui m’a amené à de nouvelles interrogations.
C’est ainsi qu’a démarré une remise en question sur l’utilisation de matériaux qui, jusqu’à présent, me semblaient peu polluants.
C’est à ce moment-là que j’ai entamé une nouvelle étape dans ma pratique artistique en choisissant de créer mes propres peintures et autres médiums artistiques, dans le but de réduire au maximum l’impact environnemental de mon travail et de rester cohérent avec mes convictions.
Acrylique et aquarelle sur bois – 40×70 cm – 2018
La première œuvre de la série représentait Polochon, le fidèle compagnon d’Ariel, la petite sirène. Ensuite, j’ai peint de nombreux autres tableaux mettant en scène différents animaux marins, souvent issus de la culture populaire, comme Gary de Bob l’éponge ou Némo.
Cependant, je me suis rapidement retrouvé confronté à une contradiction majeure : ces peintures étaient réalisées à l’acrylique, qui n’est ni plus ni moins qu’une forme de plastique. D’un côté, je cherchais à dénoncer un problème, mais de l’autre, je contribuais à son amplification.
Pour remédier à cette incohérence, j’ai décidé de trouver des solutions qui me permettraient d’être en accord avec les valeurs que je souhaitais véhiculer à travers mon travail.
J’ai entrepris la création de mes propres peintures dans le but de mieux comprendre et maîtriser leur composition. Au cours de mes recherches, j’ai rapidement découvert de nombreuses alternatives à l’acrylique. J’ai expérimenté plusieurs recettes, notamment la tempera à l’œuf, la peinture élaborée à la farine, et même l’aquarelle maison. À mesure que je me suis familiarisé avec ces nouvelles techniques, je les ai intégrées dans mes nouvelles œuvres.
Au fil de mes recherches et de mes expériences, mes connaissances sur la fabrication de la peinture s’amélioraient, me permettant alors de me passer quasiment entièrement de l’acrylique. Petit à petit, mes techniques de peinture sont devenues cohérentes avec le message de mes tableaux.
Sachant que les microplastiques, ces minuscules particules de plastique formées par la décomposition de déchets plus importants, se retrouvent dans la chaîne alimentaire, affectant non seulement les espèces aquatiques mais aussi les organismes terrestres, j’ai choisi d’élargir le champ de mes représentations artistiques. Ainsi, mes œuvres ne se limitent plus seulement à la représentation d’animaux marins, mais incluent désormais toute une variété d’êtres vivants.
Le plastique est un fléau, que l’on retrouve dans l’eau, dans l’air, dans le sol, et même dans nos propres corps. Échapper à sa présence semble impossible, et le problème ne semble pas prêt d’être résolu.
2024 © Julien Guinet – Artiste peintre. Tous droits réservés.