Comment fabriquer de l'aquarelle ?
Petite histoire de l'aquarelle
On peut considérer que les peintures rupestres préhistoriques sont les premières œuvres réalisées à l’aquarelle. Les « artistes » de cette époque mélangeaient du pigment et de l’eau (peut-être même de la salive). Mais il faut attendre l’époque des pharaons puis celle des empereurs de Chine, pour voir apparaître l’aquarelle telle que nous la connaissons aujourd’hui.
Au Moyen Âge l’aquarelle était utilisée pour les manuscrits enluminés. Elle tomba dans l’oubli durant quelque temps avant de retrouver ses lettres de noblesse avec Albrecht Dürer.
Parmi les grands artistes qui ont utilisé l’aquarelle on peut citer: Henri de Toulouse-Lautrec, Degas, William Turner ou encore Egon Schiele.
Avant de commencer
Si vous cherchez des recettes pour fabriquer de l’aquarelle sur internet, vous remarquerez qu’il en existe des dizaines, mais toutes ne se valent pas. Après avoir testé de nombreuses recettes, j’ai finalement trouvé celle qui, pour moi, donne le meilleur résultat !
Sachez qu’il n’est pas nécessaire d’être un expert en chimie pour pouvoir réaliser cette recette, mais il vous faudra quand même un peu de matériel pour obtenir une aquarelle de qualité.
La recette
Entre 00h10 et 02h00
Ajoutez 24 h supplémentaires si vous devez préparer de la gomme arabique en grains.
Facile
Bon marché
Ingrédients
- Du pigment
- De la gomme arabique liquide ou en grains
- De l’eau déminéralisée
- De la glycérine
- De l’huile essentielle de clou de girofle
- Du miel
- Des blancs d’œufs (optionnel)
Ustensiles
1 cuillère à mesurer
1 flacon opaque de 100ml
Godets pour l'aquarelle
1 pipette
Film plastique
1 saladier
1 molette
Si vous n'en avez pas, vous pouvez utiliser une spatule.
1 plaque de verre
Où une plaque de marbre
1 casserole
1 passoire-tamis
Des petits bocaux
3 bocaux
Type bocal à confiture
Truc et astuces de Julien
Si vous n’avez pas de godets pour vos aquarelles, pas de problème ! Vous pouvez utiliser un bac à glaçons. Certains artistes utilisent aussi des coquillages, ce qui est une excellente idée. Vous pouvez même les mettre dans les cupules (nettoyées) des glands que vous ramassez lors de vos balades en forêt.
L’important est que votre contenant ne s’oxyde pas, sinon vos aquarelles risquent de s’assombrir, voire de devenir inutilisables.
Bac à glaçons
Préparation
Partie 1 - Le liant
Toutes les peintures sont principalement composées de pigments mélangés à un liant, et l’aquarelle ne fait pas exception. Ce liant permet à la peinture d’adhérer au support. Cette étape est donc essentielle, car elle déterminera en grande partie la qualité de vos aquarelles.
1. Fabrication de l’eau gommée
Si vous possédez de la gomme arabique liquide, sautez le premier point de l’étape suivante et transvasez-la directement dans un bocal (nous allons l’améliorer !).
Par contre, si vous avez choisi de la gomme arabique sous forme de grains (ou cristaux), vous devez préparer votre eau gommée.
- Pour cela, versez 1 volume de gomme arabique et 2 volumes d’eau déminéralisée dans un bocal. Vous pouvez ensuite attendre 24 h que la gomme se dissolve, ou la faire chauffer au bain-marie pour accélérer le processus.
- Ensuite, versez l’eau gommée dans un bocal en la filtrant à l’aide de la passoire-tamis pour éliminer les impuretés.
2. Fabrication de l’eau de miel
Versez 1 volume de miel et 1 volume d’eau déminéralisée dans la casserole et mélangez. Vous pouvez utiliser la cuillère à mesurer pour calculer les volumes.
Faites chauffer 5 à 10 minutes à feu doux afin de faire réduire le mélange à 1 volume.
Laissez refroidir.
Versez la préparation dans un nouveau bocal.
3. Jus de blancs d’œufs (optionnel)
À l’aide du fouet, battez les blancs en neige dans un saladier.
Couvrez avec un film plastique pendant au moins deux heures.
Récupérez le jus obtenu au fond du saladier dans le troisième bocal.
Pourquoi du blanc d’œuf ?
Cet ingrédient peut surprendre dans la recette et même en gêner certains.
Tout d’abord, je tiens à préciser que ce n’est pas un ingrédient obligatoire. Sans lui, votre recette d’aquarelle fonctionnera également très bien.
Pour ma part, je l’utilise parce que le blanc d’œuf permet une meilleure accroche de l’aquarelle sur le papier en renforçant son pouvoir collant et ajoute une couche qui la protège davantage des éléments extérieurs (un peu comme un vernis).
4. Assemblage du liant
- Si vous avez choisi d’utiliser du blanc d’œuf : Dans le flacon opaque, versez 2 volumes d’eau gommée avec 2 volumes de jus de blancs d’œufs et 1 volume d’eau de miel.
- Si vous avez choisi de ne pas utiliser de blanc d’œuf : Dans le flacon opaque, versez 3 volumes d’eau gommée avec 1 volume d’eau de miel.
Ajoutez quelques gouttes d’huile essentielle de clou de girofle (1 goutte pour 20 ml ou 20 g) si vous souhaitez conserver votre liant plus longtemps.
Versez maintenant quelques gouttes de glycérine (environ 2 gouttes pour 10 ml ou 10 g).
Il faut savoir que la glycérine est un retardateur de séchage mais également un plastifiant. Elle permet d’éviter que votre aquarelle ne craquelle en durcissant et lui apportera aussi un peu plus de souplesse. Faites attention de ne pas trop en ajouter sinon vos aquarelles risquent de mettre des semaines à sécher.
Fermez et agitez.
Le liant est prêt !
5. Conservation du liant
Vous pouvez le conserver pendant 15 jours au réfrigérateur. Au-delà, de la moisissure risque de se former à la surface. Personnellement, lorsque cela m’arrive, je filtre le liant en veillant à retirer toute la moisissure, puis je continue de l’utiliser normalement. Je n’ai pas noté de différence entre le liant tout juste préparé et celui que j’ai filtré après l’apparition de moisissures.
Partie 2 – La fabrication de l’aquarelle
Étape 1
Déposez un peu de pigment sur la plaque de verre et formez une sorte de volcan avec celui-ci, en laissant un trou au centre.
Je ne donne pas les proportions exactes des ingrédients dans la recette, car cela dépend de la quantité d’aquarelles que vous souhaitez réaliser.
Sachez cependant que pour remplir un 1/2 godet, vous devrez utiliser environ 8 g de pigment, soit l’équivalent d’une cuillère à café, à mélanger avec 8 g de liant.
Étape 2
Versez du liant au centre du « volcan » à l’aide de la pipette.
En général je mélange 1 volume de pigment pour 1 volume de liant, mais cela peut varier suivant la nature du pigment.
Allez-y petit à petit. Si vous ajoutez trop peu de liant, il vous sera difficile d’obtenir une pâte homogène. Si vous en mettez trop, le mélange mettra plus de temps à sécher. Chaque pigment réagit différemment, ce sera à vous de déterminer la quantité nécessaire de liant à ajouter.
Étape 3
À l’aide de la molette (ou de la spatule) procédez à la dispersion, c’est-à-dire le mélange des pigments et du liant.
Si vous utilisez la molette, placez-la sur les pigments et le liant et commencez à faire des mouvements circulaires, en forçant un peu, pour bien les mélanger. Une sorte de pâte va se former. Ramenez-la au centre à l’aide de la spatule. Recommencez ce processus plusieurs fois.
Si vous optez pour la spatule, écrasez les pigments et le liant jusqu’à l’obtention d’une pâte. Étalez-la en forçant un peu sur la spatule. Rassemblez-la au centre et écrasez-la de nouveau. Répétez ces gestes jusqu’à ce que le mélange soit bien homogène.
Continuez l’opération au moins jusqu’à ce que vous n’entendiez plus le pigment « grincer » sous la molette ou la spatule.
Certains pigments nécessitent plus de travail que d’autres. Plus vous passerez de temps sur cette étape, plus votre aquarelle sera fine.
Étape 4
Versez la pâte obtenue dans les godets à l’aide de la spatule et mettez le surplus dans les petits bocaux, que vous devez garder au réfrigérateur.
Étape 5
Au bout d’un ou deux jours, l’eau contenue dans les aquarelles va s’évaporer et elles vont perdre en volume et se tasser (et peut-être même se craqueler un peu).
Pas de panique!
Il vous suffit de refaire le niveau avec le surplus que vous avez conservé au frigo.
Étape 6
Laissez sécher à l’air libre.
Cette étape est très importante, car un mauvais séchage peut entraîner l’apparition de moisissures sur vos aquarelles. Je vous conseille donc de respecter quelques règles :
- Ne faites pas sécher vos aquarelles dans un environnement humide.
- Ne les couvrez pas pendant le séchage. Si elles sont placées dans une boîte, laissez le couvercle ouvert.
- Pour accélérer le séchage, surtout en hiver, vous pouvez les placer au-dessus d’un radiateur, en veillant à respecter les règles de sécurité de base pour éviter tout risque.
Si, malgré cela, de la moisissure apparaît, prenez un chiffon humide et retirez-la.
En général, un séchage à l’air libre en été prend environ une semaine. Vous remarquerez que certains pigments sèchent plus vite que d’autres.
Et voilà comment fabriquer vos propres aquarelles !
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16 réponses
Bonjour, je cherche à faire une couleur d’aquarelle en particulier que je ne retrouve pas, je vais essayer de suivre votre recette. Je souhaite une couleur granuleuse, faut-il rajouter un ingrédients supplémentaires pour obtenir cet effet ?
Bonjour. Si vous cherchez à créer une couleur granuleuse, peut-être pouvez-vous essayer en broyant grossièrement le pigment avec la molette (plus on broie le pigment, plus la peinture devient fine donc lisse). Bonne journée
Bonjour, y a t-il une alternative au blanc d’œuf ? Qu’apporte-t-il? Merci d’avance pour votre réponse
Bonjour,
le blanc d’œuf n’est pas indispensable pour réussir la recette. Vous pouvez fabriquer des aquarelles sans cet ingrédient. Je l’inclus car il ajoute un peu plus d’adhérence aux aquarelles. Il sert également à protéger la peinture, en apportant une sorte d’effet vernis (autrefois, le blanc d’œuf était utilisé comme un vernis temporaire).
Bonne journée.
Bonjour,
Où trouvez des pigments pour faire du rouge, du fuschia, du orange?
Merci
Bonjour,
Vous pouvez acheter des pigments dans des magasins de beaux-arts comme Dalbe ou Rougier & Plé, ainsi que sur Internet. Voici quelques sites :
https://www.ocres-de-france.com
https://www.moulincouleurs.fr/fr/4-pigments-naturels-terres-et-ocres
https://www.couleur-pigments.fr/fr/
https://www.geant-beaux-arts.fr/peinture/autres-techniques-de-peinture/pigments-et-liants/
Vous pouvez également fabriquer des pigments à partir de végétaux (https://julienguinet.com/laques/comment-fabriquer-pigments-naturels).
Vous avez la cochenille (ou le kermès) et la garance, qui donnent du rouge. Pour le fuchsia, personnellement, je le fabrique avec des baies de sureau ou du raisin d’Amérique. Pour les teintes orangées, vous pouvez en fabriquer à partir de végétaux comme les oignons, qui peuvent donner des jaunes orangés.
Je vous souhaite une très bonne journée.
Bonjour,
une amie m’a offert les pinceaux qui sont un peu comme des stylos plume et je souhaiterai transformer mes cubes d’aquarelle pour les mettre dedans, est-ce que vous auriez une méthode pour le faire sans perdre la pigmentation ?
Bonjour Célia,
Je ne suis pas sûr d’avoir une solution qui permette de conserver 100 % de la pigmentation… Pour remplir le réservoir du pinceau, il faudra liquéfier les aquarelles, ce qui les rendra forcément un peu plus diluées et légèrement plus claires. Cependant, je pense que cela vaut la peine d’essayer. Voici comment je procéderais à votre place :
– Je retirerais l’aquarelle des cubes avec une spatule et la déposerais sur une plaque de verre ou de marbre, puis j’ajouterais un peu d’eau ainsi que quelques gouttes de glycérine (la glycérine permettra à l’aquarelle de rester liquide dans le pinceau ; sans cela, elle risque de sécher et de boucher le pinceau). Pour la proportion, je mettrais 10 gouttes d’eau pour 3 de glycérine.
– À l’aide d’une spatule ou d’une molette, je mélangerais l’eau et l’aquarelle jusqu’à obtenir une peinture suffisamment liquide pour remplir le pinceau.
– À ce stade, je ferais un test sur du papier pour vérifier si l’aquarelle n’est pas trop transparente. Si elle l’est, c’est qu’il y a trop d’eau. Dans ce cas, il faudra laisser la peinture sécher pour que l’eau s’évapore. Si, à ce moment-là, la peinture n’est plus assez liquide, j’ajouterais de nouveau de l’eau et de la glycérine (goutte à goutte) jusqu’à obtenir une consistance suffisamment fluide pour remplir le pinceau sans que l’aquarelle redevienne trop liquide ni trop transparente. C’est sans doute la partie la plus délicate de la méthode.
– Comme l’aquarelle restera liquide, de la moisissure pourrait apparaître. Pour éviter cela, j’ajouterais 2 gouttes d’huile essentielle de clou de girofle et secouerais vigoureusement le pinceau. L’huile essentielle de clou de girofle est un conservateur naturel.
Voilà comment je ferais si je devais remplir le pinceau avec de l’aquarelle.
Dans le pire des cas, si la méthode ne fonctionne pas, il suffira de récupérer l’aquarelle dans le pinceau, de la remettre dans les cubes et d’attendre qu’elle sèche et retrouve sa forme initiale.
J’espère que cela pourra vous aider.
Merci, merci, merci beaucoup pour les conseils ! heureusement il ne me manque que la glycérine et je pourrais essayer 😀
Bonjour et tous mes vœux je viens de découvrir votre site avec plaisir je favorise mes pigments et aquarelles j’ai essaye le liant avec miel et glycérine et je trouve que cela a une influence sur le rendu de la couleur comme le jaune avec gaude en fonçant la couleur
Je me demandais si je devais changer de miel ( contient il des tannin ? ) avez vous eu le même problème alors qu’avec gomme arabique et mise en tube le jaune est vif merci
Bonjour,
Je n’ai pas encore rencontré ce problème, donc je ne peux pas dire exactement d’où il peut provenir. Selon moi il peut y avoir plusieurs raisons:
– Effectivement, le miel peut contenir des tanins, mais en général, s’ils sont présents, c’est en infime quantité. En théorie, bien que cela puisse influencer légèrement la couleur, j’aurais tendance à penser que l’impact devrait être minime. Si votre couleur a considérablement perdu en vivacité, il me semble peu probable que ce soit la raison principale.
– Je sais que certains miels ont une concentration en fer, magnésium ou potassium plus élevée que d’autres. Cela pourrait avoir un effet sur la couleur des aquarelles. Le fer, en particulier, est connu pour assombrir les couleurs.
– Une autre possibilité à envisager : avez-vous utilisé une casserole ou des ustensiles qui pourraient être légèrement oxydés lors du processus de fabrication des aquarelles ? La présence de fer ou de résidus d’oxydation pourrait avoir un impact sur les couleurs.
Il est vrai que certains pigments végétaux peuvent réagir à certains ingrédients, tandis que d’autres n’y sont pas du tout sensibles. C’est un peu la difficulté de travailler avec ce genre de pigments.
Si je peux me permettre, je vous conseillerais d’essayer d’utiliser du miel d’acacia. Ce miel est plus clair que d’autres et ne devrait normalement pas contenir de fer ni de tanins.
Je vous souhaite une excellente année 2025 !
Merci beaucoup je vais effectivement essayer avec du miel d’acacia car j’ai utilisé des ustensiles en inoxydable . Cependant je viens de me procurer de la gomme arabique blanche et je vais comme vous le préconisez je crois la filtrer
J’apprécie énormément votre approche et vos partages
Tous mes vœux pour 2025
Bonjour, merci pour la recette, je me répond compte que j’ai mis un peu trop de glycérine la raison pour laquelle le test ne sèche pas sur papier. 🌹
Bonjour,
Oui, trop de glycérine pose ce problème. Vos aquarelles vont sécher, mais cela prendra plus de temps. Vous pouvez peut-être remettre votre aquarelle sur la plaque de verre ou à l’endroit où vous avez écrasé vos pigments et ajouter davantage de pigments si vous en avez encore, sans rajouter de glycérine. Sinon, une autre solution pourrait être de « nettoyer » l’aquarelle en la mettant dans un verre d’eau, d’attendre que tout soit bien dilué, puis de filtrer à travers un filtre à café avant de remettre votre aquarelle dans le godet. En dissolvant l’aquarelle dans l’eau, la glycérine, qui est soluble, se répartira dans le liquide. En filtrant ensuite la solution, une partie de la glycérine sera éliminée avec l’eau. De cette façon, vous enlèverez un peu de glycérine et vos aquarelles sécheront plus vite.
Bonjour Julien,
Merci pour votre recette qui m’a donné envie de me lancer !
En essayant avec de la malachite et des cendres de cheminée, je me suis demandée: qu’en est-il de la résistance à la lumière s’il vous plaît ?
D’autre part, j’ai passé 2 fois plus de temps (environ 5h) à mélanger les cendres au liant et j’ai fini par ajouter un peu plus de liant pour obtenir quelque chose de plus onctueux. Alors je me demandais si c’était dû au fait que je n’avais pas assez broyé les cendres ou si certains pigments nécessitaient plus de temps de mélange. Cela m’a aussi amené à me demander comment savoir si mon pigment est assez fin quand je le broie. Le fait que le pigment s’envole comme de la fumée quand on le broie, peut-il être un indice ? Car en filtrant avec un filtre à thé, tout ou presque passe, dois-je changer de filtre pour m’assurer plus de finesse ?
Merci d’avance pour votre attention. Bonne journée !
Bonjour Marie-Atina,
Tout d’abord, je suis très heureux que mes recettes vous aient donné envie de vous lancer. Je vais essayer de répondre à vos questions point par point.
Pour commencer, concernant la malachite : sa résistance à la lumière est globalement bonne, mais elle reste sensible à l’acidité. Avec le temps, elle peut se transformer, par exemple noircir si elle est en contact avec des éléments acides.
En ce qui concerne les cendres de cheminée, on sort effectivement du champ des pigments « traditionnels » que j’ai testés pour l’aquarelle. Les cendres sont des résidus de combustion, donc leur composition peut varier énormément en fonction de ce qui a été brûlé. De manière générale, je dirais que leur stabilité dépendra beaucoup de leur origine.
Quant au temps passé à broyer, la durée nécessaire peut vraiment varier selon la nature du pigment et la quantité à traiter. Je dois avouer ne jamais avoir passé 5 heures sur un pigment, mais cela peut s’expliquer par plusieurs facteurs. Par exemple :
– Le type d’outil : une spatule prend plus de temps qu’une molette à broyer.
– La composition des cendres : elles peuvent contenir des résidus durs (petits cailloux, particules métalliques) qui ralentissent le broyage.
– Le support sur lequel vous broyez les pigments est également important. Personnellement, j’aime bien utiliser une plaque de marbre : elle ne bouge pas et je trouve que cela permet d’obtenir un très bon résultat.
Comme je l’indique dans la recette, la quantité de liant à ajouter peut aussi beaucoup varier selon la nature du pigment. Certains pigments ont une structure poreuse ou fibreuse qui « boit » littéralement le liant, ou sont simplement plus difficiles à mouiller. C’est probablement ce que vous avez rencontré avec les cendres.
Pour répondre à votre question sur la finesse du pigment, voici quelques façons de savoir s’il est suffisamment fin :
– Au toucher : il doit être très fin, presque comme du talc, sans sensation de grain. On ne doit pratiquement pas le sentir sous le doigt.
Lors du broyage :
– S’il s’envole comme de la fumée, c’est souvent bon signe, mais cela ne garantit pas qu’il est bien dispersé dans le liant.
– Le son est un excellent indicateur : tant que le pigment « grince » sous la molette ou la spatule, c’est qu’il y a encore des grains à broyer. Quand le bruit disparaît, c’est généralement bon signe : la pâte est homogène.
Vous pouvez aussi peindre une ligne sur une feuille de papier : si elle est bien lisse, sans résidus visibles, c’est également un très bon signe que votre aquarelle est extra-fine.
Par contre, pour vous assurer de la finesse d’un pigment à l’aide d’un filtre, personnellement, je vous conseillerais plutôt un tamis extra-fin, voire même un tamis de laboratoire (mais c’est un petit investissement). Le filtre à thé, quant à lui, n’est peut-être pas le plus adapté, car il n’est pas assez fin.
Il y a toujours, dans ce genre de recette — la mienne comme celles d’autres artistes que l’on trouve sur internet — une part d’expérimentation personnelle. Il m’est impossible de donner une formule exacte qui fonctionnerait avec tous les pigments, car chacun réagit différemment. Mais j’espère tout de même avoir pu vous aider un peu avec mes réponses.
N’hésitez pas à me faire part de vos prochaines expériences, c’est toujours un plaisir de suivre l’évolution des expérimentations !
Très bonne journée à vous,
Julien